vendredi 5 avril 2013

Driss Aït-Youssef, ou la méritocratie selon Charles Pasqua

Driss Aït-Youssef, imposé par Charles Pasqua à la tête de l'Institut Léonard de Vinci pour services occultes.
Driss Aït-Youssef  dans ses oeuvres
Nous souhaitons mettre à l'honneur un personnage épique, de nationalités marocaine et française. Il s'agit de Driss Aït-Youssef, actuel président de l'Institut Léonard de Vinci (ILV) à Paris La Défense, un établissement d'enseignement supérieur qui commercialise des MBA Spécialisés dans les domaines de l'Internet, des achats, de la santé, etc... 

L'Institut Léonard de Vinci (ILV) est la filiale commerciale de l'Association Léonard de Vinci (ALV) fondée par Charles Pasqua, financée par le Conseil Général des Hauts de Seine, et dirigée aujourd'hui par Pascal Brouaye, l'un de ses ex-collaborateurs: c'est la fameuse "Fac Pasqua" connue de tous.



Driss Aït-Youssef serait-il un exemple pour les jeunes de banlieue?

Né à Saint-Ouen en 1980 dans le département de Seine Saint Denis, issu d'un milieu défavorisé, d'un père électricien immigré en France et d'une mère au foyer, Driss Aït-Youssef suivra une scolarité chaotique qui lui permettra néanmoins d'obtenir péniblement à l'âge de 21 ans, au Lycée Professionnel Marcel Cachin de Saint-Ouen, un baccalauréat professionnel d'électricien en 2001.

C'est grâce à ses poings et à ses coups de tête légendaires, que Driss Aït-Youssef s'imposera dans l'univers hostile du département de Seine Saint Denis comme un petit caïd local violent et bavard. Il porte toujours sur le visage les stigmates de ses combats de rues. Amateur de deux-roues, ses "exploits" ont été nombreux.

Toujours très informé, Driss Aït-Youssef deviendra rapidement l'un des conseillers de la police, relai de choix avec les jeunes de banlieue, y compris auprès des plus violents et virulents, dont il a toujours eu une parfaite compréhension de la psychologie si particulière, ayant lui-même un profil similaire. Il jouera un rôle lors des émeutes de banlieue en 2005. Pour ses contacts, il était "l'électricien de Saint-Ouen", mais il préférait se faire appeler "DAY", plus smart!

Driss Aït-Youssef s'introduira alors dans les milieux associatifs de banlieue, en cumulant les petits boulots d'agent de surveillance ou de coordination notamment au Conseil général des hauts de Seine (92) où son opportunisme, sa servilité, et sa détermination lui permettront de faire des rencontres très utiles, avec Rachida Dati par exemple, marocaine comme lui, qui ouvrira quelques portes au personnage.

Driss Aït-Youssef s'orientera alors vers des études de droit en alternance, à la faculté de Villetaneuse en Seine Saint Denis, et c'est à nouveau péniblement qu'il obtiendra de justesse, et après rattrapages, un master 1 en Politique et Action Publique en septembre 2007. Un premier diplôme qui lui permettra enfin, de revendiquer à l'âge de 27 ans, d'avoir échappé à sa condition de jeune de banlieue sous éduqué, violent et confronté à l'échec scolaire. Il poursuivra également un autre cursus de M2 en formation continue à l'université des Saints pères à Paris.

Malgré ses résultats universitaires peu glorieux, il se qualifiera dorénavant de "juriste", un titre à la signification suffisamment floue, pour réussir à faire impression sur ses nouveaux interlocuteurs, avec un langage plus châtié.

C'est alors qu'il sera repéré par des proches de Charles Pasqua, dont son petit fils Alexandre, qui lui confiront des missions sensibles et auxquels il donnera entière satisfaction. Driss Aït-Youssef fera preuve semble-t-il d'aptitudes très particulières.

A partir de 2008, Charles Pasqua le fera entrer à son service personnel. Il était à nouveau harcelé par de nouvelles procédures de justice. Il décidera d'en faire une sorte de spécialiste auto-proclamé de la sécurité, en lui faisant suivre la session 2008-2009 des conférences à l'INHES (Institut National des Hautes Études de la Sécurité). Une manière de le rendre plus fréquentable auprès de ses différents réseaux parisiens et des hauts de Seine.

C'est durant cette période en 2009, qu'on verra Driss Aït-Youssef au service de Jean Sarkozy, Brice Hortefeux, et de bien d'autres personnalités plus ou moins recommandables, comme informateur très impliqué et conseiller spécial "démineur" de la banlieue. La propulsion de Mr Driss Aït-Youssef avait été amorcée, son désir insatiable de reconnaissance sociale allait enfin commencer à s'assouvir, pour apaiser tant de frustrations et de rancœurs accumulées depuis si longtemps.

Driss Aït-Youssef intégrera discrètement le Pôle universitaire Léonard de Vinci en tant que conseiller du président Charles Pasqua, pour y mener divers missions sensibles aux objectifs flous, dont l'exclusion spectaculaire et très controversée de Amin Khiari, directeur général de l'époque et fils de Mme Bariza Khiari, future Vice-Présidente du Sénat. Une exclusion dont Mr Driss Aït-Youssef revendiquera avec grande fierté une part de responsabilité pour avoir prétendument dénoncé preuves à l'appui auprès de son chef, les fautes de gestion de Mr Amin Khiari qui portera l'affaire en justice. Il sera surnommé "le nettoyeur" au Pôle Universitaire Léonard de Vinci,  en référence au film "Léon" de Luc Besson. Ses fans y demeurent peu nombreux!

En novembre 2011, Driss Aït-Youssef sera désigné à la surprise générale par Charles Pasqua, au poste de président de l'Institut Léonard de Vinci (ILV), sans la moindre expérience du secteur de l'enseignement supérieur et de la gestion des entreprises, en remplacement de François Xavier Collineau, ancien président, soudainement et opportunément démissionnaire.

Il sera généreusement dédommagé dans le cadre d'une transaction, selon la bonne vieille tradition du Pôle Universitaire Léonard de Vinci avec l'argent du contribuable: en échange d'une indemnité de 100.000 euros, François Xavier Collineau cédera la place à Driss Aït-Youssef, un arrangement entre amis au coût prohibitif!

Le salaire providentiel de Driss Aït-Youssef sera dès sa désignation de plus de 7000 euros (!) par mois, hors primes et avantages divers, pour rétribution de services antérieurs rendus au clan Pasqua, mais aussi pour l'achat de son silence.

C'est un fabuleux destin que celui de cet ex-électricien spécialiste des banlieues à risques. La créature fabriquée par Charles Pasqua, Driss Aït-Youssef, est ainsi aujourd'hui à la tête de l'Institut Léonard de Vinci (ILV), comme pied de nez à la conception traditionnelle de la promotion au mérite.

Imposer un individu au parcours éducatif pour le moins léger, pour diriger un établissement d'enseignement supérieur réputé, qui commercialise des masters spécialisés à des niveaux Bac+5, et pour lesquels ses propres chances d'être admis auraient été réduites. Telle aura été la cynique décision de Charles Pasqua. Mais pour quelles raisons précises?  Cette question demeure encore sans réponses, quelle est donc la véritable mission de Driss Aït-Youssef à l'Institut Léonard de Vinci?

Driss Aït-Youssef et son père spirituel Charles Pasqua
En pleine crise de l'enseignement supérieur soumis à une rude concurrence, combien de managers, de doctorants, de professeurs et de chercheurs d'envergure sont en attente de perspectives en France, dont celle de diriger un établissement. 

Charles Pasqua leur a témoigné un profond mépris et a ridiculisé le concept de la progression au mérite pour des centaines de talents français, également issus pour certains de la diversité, en honorant ainsi son ex-électricien mercenaire, en retour de services divers n'ayant rien à voir avec l'enseignement supérieur.

Driss Aït-Youssef se vante aujourd'hui auprès de qui veut l'entendre, car l'homme est bavard, qu'il conseille Pascal Brouaye, actuel président du Pôle Universitaire Léonard de Vinci, qui aurait son oreille attentive. Ceux qui connaissent Driss Aït-Youssef en restent pantois, ou morts de rire au choix!

Il paraîtrait même, selon des sources bien informées, qu'il s'activerait en ce moment pour obtenir auprès de ses ex-amis la médaille de l'ordre national du mérite... Mais où s'arrêtera ce vaudeville au goût douteux?

Devrions-nous célébrer le miracle marocain de Charles Pasqua?  Plafond de verre disent certains! Que nenni, il faut savoir choisir ses parrains et surtout bien les servir. La question de la légitimité de l'impétrant n'est pas la plus importante semble-t-il chez ces gens-là, ils s'appliquent d'autres règles beaucoup plus flexibles.

La république du mérite, n'est-ce donc que du pipeau?

Samira Mbarek (journaliste et sociologue)


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